La vallée de l’Aa

La basse vallée de l’Aa opère la transition entre le Haut-Pays d’Artois et les terres gorgées d’eau du marais audomarois. Depuis l’aval de Lumbres jusqu’à Blendecques, l’Aa serpente toujours au fond d’une vallée étroite nichée entre deux versants dissymétriques mais à mesure qu’elle file vers Arques et Saint-Omer, ceux-ci s’effacent progressivement au profit d’un espace beaucoup plus large et au relief moins prononcé.

La basse de vallée de l’Aa est à la fois un axe de circulation historique entre le Haut-Pays, l’Audomarois et la Morinie et « l’atelier » du Pays de Saint-Omer. Depuis longtemps, elle concentre en effet une bonne partie du tissu industriel du territoire.

Des terroirs régis par la morphologie de la Vallée

La diversité paysagère de la basse vallée de l’Aa est fruit de sa situation morphologique particulière. Le fond de vallée concentre la plus large partie des zones bâties, mais là où il est vierge de construction, les hommes y maintiennent quelques pairies humides et quelques bois sont plantés sur les berges.

Les deux versants se distinguent fortement l’un de l’autre. Plus abrupt et moins ensoleillé, celui orienté au nord, les Landes, est occupé par des bois, quelques anciennes carrières et des prairies. En revanche, la culture du sol est possible sur son homologue exposé au sud : bénéficiant d’un ensoleillement meilleur, il se développe aussi de manière plus douce, ce qui depuis longtemps a permis le passage des instruments aratoires.

Des hommes au fil de l’Aa

Les hommes se sont regroupés sur des ressauts de terrain à proximité du fond de vallée, à la fois pour se prémunir – du mieux possible – des inondations, et pour accéder facilement à l’eau. Les villages sont souvent installés le long de routes parallèles à la rivière, mais dans certains cas, ils barrent littéralement ce dernier. Ils s’établissent alors perpendiculairement au cours d’eau à un endroit où son franchissement est possible depuis des temps anciens.

À partir de Blendecques, l’élargissement du fond de vallée a favorisé la dispersion des stations d’habitat mais le développement du tissu bâti au cours du 20e siècle a favorisé leur rapprochement et leur intégration dans une seule vaste trame de constructions. Fait notoire, depuis une cinquantaine d’années, les habitations ont tendance à se développer hors du fond de vallée, sur le versant exposé au sud. Aussi, les villages, jadis isolés les uns des autres, se rejoignent et suppriment les coupures paysagères.

La vallée papetière

La force motrice de l’Aa est le support d’un essor technique et économique depuis la fin du Moyen Âge. Dans le paysage, cet état de fait s’est longtemps traduit par la présence d’un dense réseau de moulins à eau et par de multiples entreprises de canalisation de l’Aa. À compter de la seconde moitié du 19e siècle et jusqu’à nos jours, ce réseau s’est effacé au profit d’une concentration des productions dans des usines papetières absorbant toujours plus de foncier et engendrant l’apparition de nouvelles infrastructures. En 1874, le chemin de fer traverse la vallée d’est en ouest, et tout au long du 20e siècle, le développement industriel entraine l’artificialisation des sols de fond de vallée afin de satisfaire aux besoins en logements.

Le plateau des Landes

Le plateau des Landes sépare la vallée de l’Aa du bassin de la Lys. S’étirant d’est en ouest depuis le pourtour de Racquinghem jusqu’à Helfaut sur 10 km de long et 2 km de large, il est reconnu « réserve naturelle régionale » depuis 1996. Sur son sol acide prospèrent les ajoncs et les bruyères, mais la plus large partie de son espace est occupée par des bois (pins sylvestres, aulnes…). Le tout est un habitat naturel d’une grande richesse. Une trentaine d’oiseaux menacés y nichent et plus de 450 espèces de plantes y sont inventoriées. Fait particulier, les bombardements de la Seconde Guerre mondiale sont à l’origine de nombreuses mares participant à la grande biodiversité du site. 

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