Le marais Audomarois

Le marais est l’entité paysagère emblématique du Pays d’art et d’histoire de Saint-Omer, il est aussi reconnu par l’UNESCO au sein du programme Man & Biosphere. Il est tout entièrement contenu dans une cuvette à l’intérieur de laquelle, depuis plus d’un millénaire, les hommes s’attachent à drainer les eaux qui s’écoulent péniblement vers le littoral. Ces travaux pluriséculaires permettent la mise à profit des terres riches et profondes du marais, il en résulte un paysage en perpétuelle évolution.

Si l’eau est partout, différentes ambiances paysagères se dégagent. Le contraste est net entre un marais haut divisé en petites parcelles aux formes irrégulières et encadré par les faubourgs de Saint-Omer, et le marais bas dominé par de grandes parcelles rectangulaires délimitées par des canaux.

Une cuvette pleine de vie

Le marais est avant tout défini par sa topographie. Si au nord et au sud-est, les forêts d’Eperlecques et de Clairmarais sont de commodes repères pour en définir l’horizon, le marais se caractérise surtout par sa forme en creux dont les très faibles altitudes (2 à 5 mètres au-dessus du niveau de la mer) contrastent avec les entités paysagères voisines, les contreforts du plateau artésien à l’ouest et la plaine flamande à l’est.

En d’autres termes, le marais est une cuvette et l’élément prédominant est l’eau. Elle est partout et ne s’écoule que difficilement du fait de l’absence de relief et de la présence d’un sous-sol imperméable qui l’empêche de s’infiltrer. La contrepartie de cette omniprésence est le foisonnement de la vie. Il s’agit à la fois d’un terroir agricole de première qualité et le réceptacle d’une biodiversité singulière.

Un espace anthropique

Le paysage du marais résulte de siècles et de siècles d’interventions humaines. C’est un espace naturel aménagé de mains d’homme pour convenir à ses usages. Deux objectifs ont présidé à cet aménagement : permettre la mise en valeur du sol et connecter l’Audomarois au littoral par voie d’eau.

Ces deux idées se sont souvent conjuguées. Ainsi dès le 12e siècle, la création du Grand Large puis celle de la Grande rivière reliant Saint-Omer à Gravelines ont pour conséquence un premier abaissement du plan d’eau qui autorise la mise en culture ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui le marais haut. Cette mosaïque de parcelles irrégulières située à l’arrière des faubourgs et largement cultivée est toujours identifiable.

Bien qu’il partage avec cette dernière les mêmes atouts pour la culture légumière qui fait la renommée de l’Audomarois, le marais bas est mis en culture bien plus tardivement. Trait identitaire du marais, les longues parcelles rectangulaires ceinturées de fossés sont réalisées entre la fin du 18e siècle et le début du 20e siècle. Présentes également à Clairmarais, elles résultent des travaux de poldérisation – technique importée des Pays-Bas permettant de réguler le niveau de l’eau pour cultiver des terres basses – associés à une meilleure gestion des eaux suite aux améliorations du réseau fluvial opérées au cours des dernières décennies de l’Ancien Régime.

Fait notoire, le paysage géométrique est aujourd’hui essentiellement l’apanage de la partie sise à l’est de la voie ferrée Lille-Calais. Mise en service en 1848, elle coupe littéralement le marais bas en deux. A l’ouest de cette démarcation, depuis Saint-Martin jusqu’à Eperlecques, s’étire le marais lacustre. Ponctué d’anciennes tourbières reconverties en étangs, il a progressivement perdu son usage maraîcher. Si le saule têtard a toujours eu sa place pour délimiter les berges et les parcelles, à l’heure actuelle d’autres essences lui disputent le sol au sein de boisements beaucoup plus denses qu’autrefois.

La répartition des hommes

Dans les faubourgs de Saint-Omer, l’empreinte urbaine est encore très forte. Il s’agit en effet d’un espace d’interface entre la ville et le marais, aussi l’habitat y est-il très resserré, organisé en bandes pour concentrer les hommes et permettre le développement de leurs activités agricoles, manufacturières et commerciales. En revanche, dès que la ville s’éloigne, la trame bâtie est beaucoup plus lâche. Les anciennes exploitations maraîchères se dispersent sur l’ensemble du réseau de petits canaux qui était auparavant leur seul moyen de relier les cultures au reste du territoire. Cette situation vaut pour l’ensemble du marais lacustre. Dans le marais bas, ces fermes isolées gravitent autour des villages établis en aval de Saint-Omer et regroupant des caractéristiques communes : constitués d’un petit bourg établi sur le rivage historique, leurs terroirs sont organisés de manière à utiliser les dernières terres propices à la culture des céréales tout en mettant à profit les riches ressources du marais.  

La réserve du Romelaëre

La réserve naturelle du Romelaëre couvre une centaine d’hectares correspondant à d’anciennes tourbières. L’activité se lit toujours à travers le vaste réseau d’étangs et de fossés qui est redevenu au fil du temps le fief de la nature sauvage du marais. Plus de 200 espèces animales y sont représentées et l’amateur de botanique n’est pas lésé. Une flore particulière peuple en effet le Romelaëre que ce soit dans l’eau (plantes hydrophytes), sur les berges (plantes hélophytes) ou sur les prairies humides.

Pour aller plus loin ...

Découvrez les autres entités paysagères

Informations pratiques

La Maison du Marais

Adresse

36 avenue du Maréchal Joffre
62500 Saint-Omer

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site dédiée.

La Grange Nature

Adresse

Rue du Romelaere
62500 Clairmarais

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site dédiée.